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Pierre CARAYON

Président Cercle Nautique de Palavas

L'ESCALAGDE 2013

Tout a commencé par l’idée de faire une régate partant de Palavasles-Flots pour rejoindre Rosas début mai. L’idée a mûri et il a été finalement décidé de faire une régate de ralliement entre Palavas et le Cap d’Agde et de se joindre à l’Escalagde organisée par nos amis régatiers de la SORAC. Cette idée permettait aux bateaux des Clubs de Palavas, La Grande-Motte et Port Camargue de sortir de la Baie d’Aigues Mortes et de régater contre ceux du Cap d’Agde, Gruissan, Leucate, Canet, Saint-Cyprien... Une grande épreuve régionale pourrait-elle voir le jour sur base de L’Escalagde? C’est le souhait que l’on a émis avec mon ami Henri Roques, Responsable de la Section Habitables à la Ligue Languedoc-Roussillon.

Avec l’aide du Comité Directeur, de la Section Habitables du CNP et du Secrétaire du CNP, nous avons dû nous organiser avec le Comité Directeur de la SORAC. Nous avons informé nos adhérents, informé les autres Clubs de la Baie d’Aigues Mortes dans un laps de temps si court qu’il n’a pas permis à tous de trouver 4 jours pour se libérer et participer à cette belle épreuve. Souhaitant renouveler l’expérience l’année prochaine, nous aurons plus de temps pour communiquer et amener un nombre plus important de bateaux de la Baie d’Aigues Mortes à concourir. Commencez donc à noter dans vos agendas que vous aurez besoin d’une petite semaine de congés en mai 2014 pour aller régater jusqu’en Espagne.

La majorité de mes équipiers voulant participer à cette épreuve, il n’était pas envisageable de dormir tous à bord. Il fallait donc trouver des chambres d’hôtel pour dormir une nuit au Cap d’Agde et surtout trouver à se loger à La Escala pour 2 nuits. Des appartements luxueux à un prix très compétitif ont été trouvés près du port de La Escala, permettant à tous une parfaite récupération après l’effort fourni lors de la régate. L’intendance partagée par les différents membres de l’équipage a été à la hauteur de l’évènement. Divers spécialistes en cuisine dignes de figurer dans l’émission de TV de Top Chef se sont proposés pour améliorer l’ordinaire : souvenir d’un Chili Con Carne concocté par Eric et mangé à bord (jamais ça n’avait senti aussi bon à bord de Mardjane pendant une régate), sans parler du cake aux olives de Cécile, des cannelés et cookies de Christophe et j’en passe. Deux soirées très sympathiques organisées à La Escala ont complété cette débauche des papilles.

La veille de la régate, Henri Roques m’a appelé pour m’annoncer que 58 bateaux seraient présents au départ du Cap d’Agde et que 90 bateaux seraient attendus pour régater dans la Baie de Rosas (le célèbre Cap Creus le fera mentir).

Nous serons 16 bateaux au départ de Palavas, ce qui n’est pas un si mauvais score pour une première. Michel Nogues sera le Président du Comité de Course du départ de Palavas jusqu’à La Escala. En Espagne, il sera épaulé par Julio et son staff espagnol. Quelle surprise de voir deux de nos meilleurs régatiers, Paul et Gérard, présents sur le zodiac du CNP pour mouiller la ligne de départ.

La première manche nous a amenés au Cap d’Agde poussés par un vent léger. Nous avons mis 6h pour faire les 25 milles nous séparant du Cap d’Agde avec un résultat de premier en temps compensé à l’arrivée, résultat de bon augure pour la suite de l’épreuve. Il faut dire que nous avions débauché le tacticien d’Iguana Sun, Richard qui, bien inspiré, nous a fait prendre une option en terre avant Sète qui s’est avérée payante. Nous rendrons la monnaie de la pièce à Iguana Sun, deux des équipiers de Mardjane, Cécile et Christophe, participant au Trophée Lacaze (cela m’amène à penser que les échanges d’équipiers pour des régates hors challenge pourraient être une pratique à développer au sein du CNP). Le manque de vent à l’arrivée sur le Cap d’Agde n’a malheureusement pas permis à tous les bateaux de finir l’épreuve. Tout le monde était quand même présent pour l’apéritif organisé par les membres de la SORAC, même si la pluie s’était invitée entre temps.

Le lendemain matin, l’équipage de Marjane était d’attaque pour le départ de l’Escalagde. Le parcours consistait à aller virer le sealine de Port La Nouvelle, une bouée à Canet et le Cap Creus avant l’arrivée à La Escala, soit un parcours d’environ 70 milles. Le départ pour les 58 bateaux a été donné par notre Comité de Course 100% CNP à 10H dans un vent léger qui nous a amenés dans des conditions agréables jusqu’à Port La Nouvelle. Un vent un peu plus fort venant du SW a commencé à rentrer entre Port La Nouvelle et Canet et nous sommes, à ce stade, 2è derrière le X442 As de Cyril Decourt et devant le Sprint 108 de Jean-Marie et Romain Vidal. A l’arrivée à la Bouée de Canet, le plus gros bateau de la flotte, le superbe First 50 de Richard Yvorra nous a dépassés et le First 47.7 d’Henri Roques s’est rapproché. Après Canet, le vent tombe. Le X442, les First 50 et 47.7 ont pris une option au large alors que nous avons pris une option en terre avec le Sprint. Après plusieurs longues minutes de doute, le NW a commencé à rentrer doucement nous faisant bénéficier de cette option terre (merci Richard pour la tactique). Nous avons alors pu envoyer notre grand spi sur un long bord grand largue nous poussant vers le Cap Creus. La nuit commence à tomber et nous avons retrouvé notre 2è position et sommes revenus petit à petit sur le X442 sans comprendre très bien pourquoi. Nous avons compris vers minuit trente que le vent était beaucoup plus fort sur l’arrière de la flotte. En effet, à l’approche du célèbre Cap Creus, le vent est passé brutalement de 15N à 40N. Le bateau a commencé à rouler fortement d’un bord sur l’autre et nous avons décidé d’affaler rapidement le spi, d’empanner sous grand-voile seule et de renvoyer le génois pour descendre grandlargue vers La Escala. Le X442 était devant nous et semblait avoir quelques difficultés. Nous nous sommes retrouvés nous-mêmes 2 fois au tapis sous des coups de vent rageurs qui nous ont amené à affaler le génois légèrement déchiré.

Nous avons navigué à environ 9N sous grand voile seule pendant quelque temps. C’est à ce moment-là que nous avons reçu un appel à la VHF de Jean-Marie Vidal nous disant qu’il venait de démâter. Très calme, il a pris le temps de m’indiquer qu’ils allaient se mettre à l’abri pour remettre de l’ordre dans le bateau. Il m’a également demandé de faire le relais avec le Comité de Course au cas où sa VHF portable n’atteindrait pas La Escala. Nous avons été attentifs au

déroulement des opérations, la famille Vidal après avoir largué mât et voiles, a pu rejoindre La Escala au moteur. De manière surprenante et après ce coup de vent soudain, nous nous sommes retrouvés encalminés après le passage du Cap Creus et nous avons mis environ 3 heures pour faire les derniers milles nous séparant de La Escala. Ces derniers milles ont été faits au coude à coude avec le X442 que nous avons passé à l’approche de la ligne finissant premier en temps réel. Nous avons appris le lendemain que beaucoup de bateaux n’avaient pas fini l’étape et s’étaient réfugiés à Port-Vendres. Dommage pour eux, car notre séjour à La Escala a été très agréable.

Le vendredi a été un jour de repos bien mérité après une nuit blanche. Nous avons récupéré nos appartements à 9H du matin et en avons profité pour faire un somme réparateur d’environ 4H. Notre cuisinier, Eric, nous a régalés de tacos.

Le reste de l’après-midi a été consacré à ranger le bateau et réparer le génois (très bien recousu par notre chirurgientacticien Richard assisté de Cécile la blonde (ce qualificatif n’ayant rien de péjoratif puisque nous avons à bord une autre Cécile qui est brune). Le dîner du soir organisé par l’Armada Dufour a été très animé, notamment par l’équipage de Mardjane avec Eric au piano et Matteo à l’animation.

Le samedi a été consacré à la régate en Baie de Rosas en présence de bateaux espagnols. Les 90 bateaux prévus n’étaient pas tous alignés au départ. Etaient absents les bateaux non arrivés à La Escala et ceux repartis pour la France le samedi à cause du coup de vent de NW (ce fut le cas du X442 As qui a mis plus de 24H pour rejoindre la Grande-Motte par des vents contraires de 40N). La Baie de Rosas est un vrai traquenard pour les régatiers. Alors qu’il y a plus de 40N au Cap Creus, nous avons pris un départ dans un vent léger qui a tournoyé tout au long de la manche, alternant petit vent et calme plat. Cela a obligé l’équipage à manoeuvrer continuellement avec envoi de spi, empannage, affalage de spi et bis repetita. Seuls 2 locaux sont arrivés à se tirer de cette situation difficile et, en les suivant, nous avons gagné la manche et avons terminé en tête de L’Escalagde au classement final. Le seul bémol à ce beau tableau de chasse a été l’observation d’une fissure sur la barre de flèche babord probablement due à l’empannage musclé lors du passage du Cap Creus. Nous n’avons décidé de ne pas reprendre la mer dimanche car le vent NW était encore trop fort.

Cela n’a pas altéré notre bonne humeur lors de la remise des prix et la soirée zarzuela qui s’en est suivie superbement organisée par le personnel de La Escala. L’équipage de Mardjane s’est illustré, une fois de plus, en mettant une bonne ambiance à la remise des prix et à la soirée qui s’est terminée fort tard.

Le lendemain matin, l’équipage a pris un taxi pour renter à Montpellier. J’ai ramené le bateau le lundi au moteur en mettant 13H pour faire La Escala/Palavas-Les-Flots. La place à La Escala étant gratuite la semaine suivant l’Escalagde, j’en profiterai l’année prochaine pour rentrer plus tranquillement.

Plusieurs enseignements sont à tirer de cette très belle régate :

1) La sécurité est un élément important et le parcours passant par des marques côtières a permis à certains bateaux d’aller se réfugier à Port-Vendres pendant le coup de vent. L’obligation donnée par le Comité de Course de porter le gilet de sauvetage la nuit est une bonne décision car le coup de vent soudain ne nous aurait pas laissé le temps de le mettre avant d’affaler le spi.

2) Le fait d’organiser une régate sur plusieurs jours a permis de tisser des liens forts entre les membres de l’équipage, de mieux connaitre les personnes du CNP et d’échanger avec les régatiers des autres Clubs, ce que ne permettent pas nos régates dominicales.

3) Cette régate est intéressante, les vents étant changeants tout au long du parcours avec des options tactiques pas toujours évidentes. L’approche des Pyrénées est toujours aussi belle et La Escala est une étape agréable.

4) Le dernier enseignement montre que les bateaux de la Baie d’Aigues Mortes ont un très bon niveau et peuvent se montrer très compétitifs vis-à-vis des bateaux d’autres Clubs ou des bateaux espagnols

J’espère que ces quelques lignes vous donneront envie de participer à cette régate l’année prochaine. A bientôt sur l’eau,

Pierre Carayon , Président du CNP

L’équipage de Mardjane était composé de Christophe Briot, Eric Cotteux, Jean-Jacques Descombe, Richard Lapaty, Cécile Martin, Cécile Nicot, Marie-Pierre Pasdelou et Matteo Piombo

 

 

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